Fossil Building for the Piton de Cabriès School
After the A Strega School [see here], in Corsica, which has been distinguished several times, Amelia Tavella has just delivered the Auguste Benoît School into the heart of Provence, at the foot of the picturesque village of Cabriès.
This architectural competition posed a complex equation with sensitive issues. The young architect’s answer is obvious: “Build a monument barely visible in the monumentality of the landscape as it embraces and marries it”.
Photo: Thibaut Dini.
The building seems simple: a mineral terrace architecture extending mainly over a single floor, in the hollow of the valley which protects like a mother.
As if emerging from the earth then disappearing, crawling like a snake, it bears the imprint of the stone, its strata, its identity, which claims an influence on the students: Knowing where we come from and understanding what we are.
The building becomes like a fossil building which would have pre-existed and yet never been seen before, matching the surrounding site which seems to look at it without seeing it: Both will watch over each other in secret.
Practicing her profession like an art, Amelia Tavella cannot dissociate the place of knowledge from beauty. To evoke beauty is to evoke that of a space that has become a familiar territory intended for learning, but it is also to evoke the whole that surrounds this space: The great Landscape that must neither be betrayed nor forgotten.
Photo: Thibaut Dini.
Without ever departing from morality, the architect builds with a poetic ethic, because we never separate a building from what preceded it: its origin.
Superposition of two plateaus, the tiers of the school organize the symbolism of an increase in knowledge and age: the nursery school is at the bottom nestled in the lap of the valley, while the elementary school, overlooked by the village, look at the horizon, that of the fields. The vegetation covers all the roofs, surrounds the setting, acts like an invasion and in turn educates young souls.
Constantly designed in connection with the village which overlooks it, the houses which face it and the steep topography of the Piton, the Auguste Benoît school is a line which protects. An alley mimics Rue Saint-Pierre which it runs alongside and extends. This in-between keeps at a distance the building which seems to hide and fade away so as to never break the horizon, nor prevent the simple glance towards what is further away than oneself.
Photo: Thibaut Dini.
No escape is impossible. The gaze circulates, the view is free.
The buried python cannot be seen, contorting itself to better hide itself and follow the contour lines. And when it shows itself and reveals itself, it is by opening onto the city, recreating the social bond, a still sacred mission of knowledge, thanks to modular spaces offered to residents.
Considering the school also as a place of exchange dedicated to the community outside of school hours, Amelia Tavella proposes to broaden its vocation, in particular by making its sport hall a scenic space open to the neighborhood. It thus becomes an amphitheater for the duration of a reading or a concert.
(Text by Nina Bouraoui)
Photo: Thibaut Dini.
The Auguste Benoît School expresses the architectural gesture of Amelia Tavella: “When I build, I don’t undo. There is no betrayal. I proceed by inclusion. Nature invades my projects. She is neither an obstacle nor a hindrance, she is my guest whom I celebrate. I adapt to the trees, the light, the terrain. No one is greater than Corsican nature, building there is a vow of humility.
My island taught me light, color, slope, constantly reminding me that there is no valid creation without ethics and that history is the cradle of the present.
Each time, it’s a challenge: placing the building in the original space without anything, moving it, or mistreating it. It’s an extension and not an amputation”.
This school will carry the ecological commitment and perhaps, without doubt, the vocation of the scouts of tomorrow.
Site plan.
Amelia Tavella livre un Bâtiment-Fossile pour l’École de Piton de Cabriès
Après l’École A Strega [voir ici], sur son ile natale en Corse, multiprimée, Amelia Tavella vient tout juste de livrer l’École Auguste Benoit au cœur de la Provence, au pied du Piton de Cabriès.
Ce concours d’architecture proposait à l’étude une équation complexe. La jeune femme offre une réponse claire: “Construire un monument à peine visible dans la monumentalité du paysage tant il l’embrasse et l’épouse”.
Photo: Thibaut Dini.
Le bâtiment semble simple : une architecture de restanque, s’étendant majoritairement sur un seul étage, au creux de la vallée qui protège comme une mère. Comme surgissant de terre puis s’effaçant en rampant tel un serpent, il porte l’empreinte de la pierre, ses strates, son identité, qui revendique une influence sur les élèves: Savoir d’où l’on vient et comprendre ce que l’on est.
Le bâtiment devient comme un bâtiment-fossile qui aurait déjà préexisté et pourtant totalement inédit, épousant le site alentour qui semble le regarder sans le voir: L’un et l’autre se veilleront en secret.
Exerçant son métier comme un art, Amelia Tavella ne peut dissocier l’endroit du savoir de la beauté. Évoquer la beauté, c’est évoquer celle d’un espace devenu territoire familier destiné à l’apprentissage, mais c’est évoquer aussi l’ensemble qui entoure cet espace: Le grand Paysage qu’il ne faut ni trahir ni oublier.
Plan level 0.
Sans jamais se départir de la morale, l’architecte construit avec une éthique poétique, parce qu’on ne sépare jamais un bâtiment de ce qui l’a précédé, son origine, son histoire et toute l’imagination que cela peut susciter.
Superposition de deux plateaux, les étagements de l’école organisent la symbolique d’une ascension en savoirs et en âges : la maternelle est en bas blottie dans le giron de la vallée, tandis que l’école élémentaire, elle-même surplombée par le village regarde l’horizon naturel, celui des champs et des bois. La végétation recouvre tous les toits, enserre l’écrin, agit comme une invasion et éduque à son tour les jeunes âmes.
Sans cesse pensé en lien avec le village qui le surplombe, les habitations qui lui font front, les rives voisines et la topographie escarpée du site, le groupe scolaire du Piton est une ligne, protégeant les riverains par une barrière phonique et végétale : une ruelle qui mime la rue Saint-pierre qu’elle longe et prolonge. Cet entre-deux tient à distance le bâtiment qui semble se cacher et s’effacer pour ne jamais briser l’horizon, ni empêcher le simple regard vers le plus loin que soi.
Photo: Thibaut Dini.
Nulle évasion n’est impossible. Le regard circule, la vue est libre.
Le python enfoui ne se voit pas, se contorsionne pour mieux se dissimuler et épouser les courbes de niveau. Et quand il se montre et se révèle, c’est en s’ouvrant sur la cité, recréant le lien social, mission, encore sacrée du savoir, grâce à des espaces modulables offerts aux habitants.
Considérant l’école aussi comme un lieu d’échange dédié à la collectivité en dehors du temps scolaire, Amelia Tavella propose d’en élargir sa vocation, notamment en faisant de sa salle d’évolution un espace scénique ouvert sur le quartier. Elle devient ainsi amphithéâtre le temps d’une représentation, d’une lecture ou d’un concert. Une sérigraphie esquissée par l’artiste Pauline Guerrier occupe toute la surface du vitrage, qui s’efface lors des représentations. Très inspirée de l’identité de la terre, des strates du temps et de la structure du sol, cette représentation raconte le génie du lieu. Au moyen-âge, le vitrail avait pour rôle d’instruire les hommes, faisant le récit par le dessin de faits réels ou fictifs de la vie. Ici, le verre est exploité à des fins similaires : La sensibilisation des enfants à leur origine, leur terre et sa beauté. Pour Amelia Tavella, c’est un désir conscient de mêler l’art à l’architecture. Inviter un créateur au moment de la conception d’un bâtiment destiné aux enfants pour participer, ensemble, tels des alliés, à l’éducation et l’élévation des adultes de demain.
“Je crois au pouvoir de la beauté sur les êtres, à sa capacité à hisser les esprits vers le meilleur. Mon geste architectural est dicté par ce désir-là, renforcé, doublé, par la présence d’un artiste qui va littéralement se fondre au projet”.
(Nina Bouraoui, écrivain)
Photo: Thibaut Dini.
L’École Auguste Benoît exprime le geste architectural d’Amelia Tavella: “Quand je construis, je ne défais pas. Il n’y a aucune trahison. Je procède par inclusion. La nature envahit mes projets. Elle n’est ni un obstacle, ni une entrave, elle est mon hôte que je célèbre. Je m’adapte aux arbres, à la lumière, au relief. Nul n’est plus grand que la nature corse, y bâtir est faire vœu d’humilité.
Mon île m’a appris la lumière, la couleur, la pente, me rappelant sans cesse qu’il n’y a pas de création valable sans éthique et que l’histoire est le berceau du présent.
A chaque fois, c’est un pari: inscrire l’édifice dans l’espace originel sans rien, déplacer, ni maltraiter. C’est un prolongement et non une amputation”.
Cette école portera l’engagement écologique et sans doute, la vocation des éclaireurs de demain.
Photo: Thibaut Dini.